A quelques semaines de l’échéance électorale européenne, les « caminos » qui traversent l’Europe avec, en point de mire, la fin de terre galicienne espagnole, servent des inspirations tant spirituelles que profanes, en pleine lignée du tourisme de ressourcement. Les quatre routes qui sillonnent l’hexagone comptent désormais un nouveau tronçon qui relie, sur 330 kilomètres, Orcival et Rocamadour.
Compostelle a été le premier chemin culturel labellisé par le Conseil de l’Europe, dès 1987, alors que l’Europe était en pleine construction. En France, nous avons quatre principaux chemins qui traversent l’Hexagone tandis que d’autres irriguent l’Europe. Le Conseil européen l’a bien compris. De la même manière, dès 1998, l’Unesco a inscrit l’itinéraire français au patrimoine mondial. On est sur un bien hybride composé de 71 monuments et sept sections de sentiers.
Les chemins de Compostelle ne sont pas à analyser seulement sur leurs dimensions patrimoniale et culturelle. Il y a, avec 446 000 marcheurs en 2023, un réel impact économique tout au long des différents chemins, qu’ils soient empruntés sur leurs longueurs totales ou seulement quelques tronçons.
Compostelle a la cote !
Jusqu’en 2019 le chiffre des pèlerins s’établissait à environ 200 000 personnes par an, l’année 2023 a vu ce chiffre plus que doubler pour un record de 446 039 péripatéticiens. Si nous avons coutume de dire que tous les chemins mènent à Rome, l’engouement se porte de plus en plus dans une quête d’introspection le long d’un cheminement en pleine nature vers un but mystique.
Qui dit plus de pèlerins dit plus d’étapes, et plus de besoins pour se restaurer, se loger, reprendre des forces. Jusqu’à présent, à part le départ de la Via Podiensis au Puy-en-Velay, le chemin quittait rapidement l’Auvergne pour en longer sa frontière sud.
Depuis mi-avril un nouveau tronçon est ouvert, en 21 étapes et sur 330 km, entre la magnifique Basilique romane d’Orcival et sa Vierge en majesté et la crypte Saint Amadour qui se niche en falaise au-dessus de l’Alzou (à noter la chapelle où l’on vient admirer une vierge noire, comme au Puy-en-Velay et à Besse-et-Saint-Anastaise).
Portée par l’association Orcival-Rocamadour, le parcours, qui vient de recevoir sa bénédiction, par l’archevêque de Clermont, lors du pèlerinage de l’Ascension, est tracé et balisé avec une grande partie en Auvergne le long de la Dordogne.
Une manne financière providentielle pour les commerçants locaux
Toutes les étapes, même les plus modestes et les plus rurales, témoignent d’un grand changement dans le tissu économique local. Pendant les 7 mois environ que dure la saison, il faut que les marcheurs se restaurent, se logent, s’équipent, se soignent. Avec un budget moyen de 50 € par jour, chaque pèlerin arrose une économie locale parfois inexistante : des gîtes se créent, des auberges et restaurants s’ouvrent, ainsi que des boutiques de souvenirs… Il est sûr qu’aux abords de ce nouveau chemin on va voir fleurir de nouveaux commerces en Auvergne.
Nous avons pu constater quelques abus comme des coquilles Saint-Jacques (vide en plus), symboles du chemin, vendues 10€ pièce. Il existe même des services de transport de bagages, à 7€ par bagage et par étape…
Attention, ne pas confondre les chemins qui marbrent la France avec le fameux « Camino Francès » qui longe le nord de l’Espagne de la Navarre jusqu’en Galice et qui doit sa dénomination plutôt aux Francs qui sécurisaient la frontière avec l’Espagne mauresque lors de la Reconquista (doit-on y voir une influence pour le parti Reconquête ?)