A partir du 1er juillet 2023, une ZFE verra le jour sur le territoire de Clermont Auvergne Métropole. Obligation légale, une Zone à Faible Émission (ZFE) est un périmètre dans lequel certains types de véhicules, considérés comme trop polluants, n’ont pas le droit de rouler et de stationner. L’objectif principal est de préserver la santé des habitants en réduisant la pollution liée au trafic routier et donc d’améliorer la qualité de l’air. Pour rappel, on estime en France plus de 48 000 décès par an en raison des particules fines, dont plus de la moitié dans les agglomérations de plus de 100 000 habitants.
Une large zone d’interdiction de circuler
La ZFE est bordé par les boulevards Bingen, St Jean, Jouhaux, Pourchon et Berthelot, autant dire presque tout le périmètre Clermontois, mais ce n’est que la première étape. La zone du Brezet est épargnée, sur laquelle circule pourtant le plus grand nombre de ces véhicules.
La vignette Crit’air est le nouveau sésame
Les véhicules professionnels de transport de marchandises relevant de la catégorie « non classés » des certificats Crit’air, autrement dit immatriculés avant le 30 septembre 1997 (véhicules utilitaires légers) ou avant le 30 septembre 2001 (poids-lourds), seront interdits de circulation et de stationnement dans ce périmètre. Cela représente environ 600 véhicules sur le territoire métropolitain. Les vignettes Crit’air sont payantes, 3.72 euros, et à commander sur le site certificat-air.gouv.fr
Les particules fines ne sont pas celles que l’on croit
Les PM (particulate matter) sont accusées de tous les maux, elles ont effectivement un effet néfaste sur la santé car les particules fines (PM2.5, dont le diamètre est inférieur à 2.5 microns) sont considérées comme particulièrement préoccupantes en raison de leur capacité à pénétrer profondément dans les poumons.
Quand on fait abstraction de celles d’origines naturelles comme les éruptions volcaniques, les feux de forêts, les embruns, les pollens et plus simplement l’érosion éolienne des sols et qu’on s’attache à celles provenant des activités humaines, on aurait tort de croire que les véhicules thermiques soient les premiers à blâmer.
La moitié des émissions de PM2.5 sont dues au secteur résidentiel, comme le chauffage au bois et tous les types de cuissons, une grande part concerne les industries et l’agriculture et seulement un quart le transport routier.
Quand on zoom sur le transport routier…
Plus de la moitié des particules fines émises par les véhicules routiers ne proviennent plus de l’échappement !
Sur le sujet l’Ademe (agence de la transition énergétique) est très claire : « Alors que les émissions de particules à l’échappement ont très nettement baissé avec la généralisation des filtres à particules, celles hors échappement provenant de l’abrasion des freins, des pneumatiques et des chaussées deviennent prépondérantes et représentent en France en 2019, plus de la moitié des particules émises par les transports routiers. Si les véhicules électriques, grâce au freinage régénératif, émettent moins de particules de frein que les véhicules thermiques, elles émettent plus de particules provenant du contact pneu-chaussée et de la remise en suspension, du fait de la plus grande taille de leur pneumatique due à leur masse plus importante.
Ainsi, les études récentes ne montrent pas un écart significatif d’émissions totales de particules entre les véhicules électriques à forte autonomie et les véhicules thermiques neufs actuels, qui n’émettent quasiment plus de particules à l’échappement. En revanche, dans le détail, les voitures thermiques émettent des oxydes d’azote et des composés organiques volatils, ce qui n’est pas le cas des véhicules électriques qui n’en émettent aucun.
Afin de réduire la pollution par les particules liées au trafic routier, il est donc indispensable d’associer à l’électrification du parc, d’autres pratiques pouvant faciliter l’atteinte de la neutralité carbone ayant des co-bénéfices sur les PHE : allégement des véhicules, développement de l’éco-conduite et des modes actifs… »
Un impact très négligeable
Aux vues des données, moins d’un huitième des particules fines émises par les activités humaines proviennent de la combustion des véhicules thermiques.
Si on veut faire baisser le nombre des « 48 000 décès par an en raison des particules fines », interdire les 600 véhicules thermiques immatriculés avant 1997 ou 2001 à Clermont-Ferrand c’est comme s’attaquer à un tsunami avec une petite cuillère.
Pour réduire les particules fines liées au transport routier, donc l’abrasion des freins et des pneumatiques, on peut d’abord fluidifier le trafic urbain avec une vitesse raisonnable et constante, limiter les feux, les dos d’ânes, y compris pour les transports en commun.
Un aspirateur pour particules de freinage
Installer un mini-système d’aspiration pour capter les micro-particules issues du freinage, voilà l’idée développée par Tallano. Selon la start-up française d’ingénierie, il suffit de 450 freinages – soit moins de deux jours de l’activité d’un taxi parisien – pour en noircir le filtre, blanc immaculé la veille.
Ce système d’aspiration intégré sous le capot moteur, nommé Tamic (turbine aspirante pour micro-particules) veut changer la donne. Cette petite turbine peut capter plus de 90 % des poussières issues du freinage, sans incidence sur le ralentissement ou les consommations. Ce dispositif est déjà éprouvé depuis plus de 2 ans sur la ligne C du RER parisien. Tramway et bus de la T2C sont-ils équipés ?