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club APM Auvergne Nouveau Monde : Les enjeux du Pétrole au cœur du conflit du Moyen Orient

Le 17 janvier, les dirigeants du club APM Auvergne Nouveau Monde ont accueilli, à l’espace « Freedome » place du 1er mai, Francis Perrin, chercheur associé au Policy Center for the New South à Rabat au Maroc et directeur de recherche à l’Institut de Relations Internationales et Stratégiques (IRIS) à Paris. Ce spécialiste des questions énergétiques intervenait sur le thème : « Comprendre les enjeux géopolitiques contemporains : Le Pétrole ».

Si l’énergie est vitale pour notre économie, le pétrole représentent le fondamental du fondamental en étant l’énergie la plus consommée dans le monde. Les progrès des technologies et des choix politiques volontariste on permit aux USA de conquérir leur autonomie énergétique en devenant le 1er producteur mondial de pétrole et le second protecteur de gaz.
Ils ont ainsi réussi à s’affranchir de la dépendance du Moyen Orient qui détient 50% des resserves mondiales de pétrole.

Il n’en demeure pas moins qu’aujourd’hui l’Iran représente aux yeux des USA sa 5éme menace la plus importante et que de ce fait il n’est pas envisageable pour eux d’abandonner leur position stratégiques établies de puis plus de 60 ans qui leur permettent de surveiller les agissements de l’Iran et d’intervenir très rapidement en cas de nécessité.

Sanctions américaines contre l’Iran

Depuis 2015 l’Iran fait des concessions concernant son programme nucléaire suite à la levée des sanctions économiques européennes et américaines. Cette accalmie n’a été que de courte durée du fait de la décision de Donald Trump de mettre fin, après pas mal d’hésitations, au JCPOA en mai 2018. Il rétablit toutes les sanctions contre l’Iran en août et novembre 2018 avec pour l’énergie, deux objectifs clés: exportations pétrolières et investissements étrangers réduits à zéro.

Pour Washington, l’Iran est un pays très dangereux pour les Etats-Unis depuis la détérioration en 1979 des relations diplomatiques de l’Iran avec les USA lors de l’exil du shah Mohammed Reza Pahlavi et de l’occupation de l’ambassade des États-Unis à Téhéran. Si le monde entier ou presque proteste contre la politique américaine on observe peu de réactions fortes dans les faits. L’Union européenne s’exécute en trainant les pieds et Total se retire totalement de l’Iran sous l’effet du Rouleau compresseur américain ce qui provoque une chute de l’ordre de 90% des exportations pétrolières et d’environ 40% de la production de l’Iran entre le printemps 2018 et août 2019 .

Tensions dans le Golfe mai-octobre 2019

Cette nouvelle donne va déclencher en mai 2019, des attaques contre quatre navires, une attaque avec des drones armés contre l’oléoduc Est/Ouest en Arabie Saoudite suivie le 13 juin 2019 d’attaques contre deux navires justes à l’extérieur du détroit d’Ormuz. Ces incidents vont amener le renforcement du dispositif militaire américain dans la région (2 500 militaires en plus) et provoquer un coup d’arrêt à la baisse des prix du brut.
Les tensions se multiplient en Juillet 2019. Le

Royaume-Uni arraisonne un tanker iranien au large de Gibraltar et l’embargo contre la Syrie est violé. Toujours en Juillet 2019, l’Iran tente de barrer la route à un tanker britannique, qui est protégé par la marine du Royaume-Uni et abat un drone américain déclaré volant au-dessus de son territoire.

En représailles le navire américain USS Boxer abat un drone iranien dans le Golfe ce que dément de l’Iran. Simultanément les Gardiens de la Révolution prennent le contrôle du tanker Riah dans le canal de Panama et interceptent un tanker britannique, le Stena Impero. En septembre, Gibraltar laisse partir le tanker iranien. De son coté l’International Maritime Security Construct (USA, A. Saoudite, EAU, Bahrein, Australie, Royaume-Uni, Albanie) est bientôt rejoint par le Qatar et le Koweit. Deux installations pétrolières clés de l’Arabie Saoudite, une Usine de traitement et un champ pétrolier son attaquées le 14 septembre 2019.

Dans la foulée, l’attaque non revendiquée, le 11 octobre 2019, contre un tanker iranien en Mer Rouge, à une centaine de km de Djeddah ne provoque pas de réactions armée. Cette situation entraine une hausse immédiate des prix de 2% environ et d’une chute de près de 60% de la production pétrolière saoudienne.

La réaction Iranienne face aux sanctions et agressions des Etats-Unis

Des représailles iraniennes vont être limitées avec le 8 janvier 2020 d’une frappe de deux bases en Irak ne faisant aucun mort. Il n’y a pas de riposte militaire américaine mais Donald Trump annonce le renforcement des sanctions économiques contre l’Iran. L’élimination par les USA en décembre 2019 du général Qassem Soleimani a exacerbé un désir de revanche de la part des Iraniens en proie à un dilemme face à Trump.

Tensions et risques

Depuis plusieurs mois, l’Iran prend des libertés avec l’accord de Vienne de juillet 2015 ce qui nous amène à nous interroger sur la poursuite programme nucléaire de l’Iran en 2020 et sur la nature de sa réaction face aux sanctions américaines et à l’inaction européenne. Début janvier 2020, l’Iran indique qu’il ne respectera plus aucune restriction en matière d’enrichissement de l’uranium. Israël est en embuscade et Donald Trump déclare « je ne laisserai jamais l’Iran devenir une puissance nucléaire ».

Tenant compte que les états se font la guerre pour des raisons essentielles telles que l’eau et l’énergie, l’enjeu stratégique que représente le pétrole est de nature à nourrir de réelles inquiétudes dans ce domaine. Compte tenu du déséquilibre des forces militaires en présence au profit des USA, il est peu probable que La vengeance iranienne s’exprime dans un conflit militaire frontal. On peut augurer qu’ils privilégieront des actions indirectes et imprévisibles dans le but de créer un climat de peur et d’entraver ainsi la réélection de Trump en novembre prochain.

A l’issue de cette rencontre très instructive, riche en apports et en échanges, les dirigeants de l’APM prennent conscience de la relation complexe entre le pétrole et la géopolitique. Ils appréhendent mieux les évolutions techniques permanentes qui permettent d’explorer de façon rentable des resserves trouvées de pétrole de plus en plus nombreuses.

Ils constatent que la France n’a aucune autonomie en matière d’énergie pétrolière. En conséquence, ils réalisent qu’au de là de la nécessité de développer des énergies renouvelables il est nécessaire de poursuivre notre politique énergétique orientée vers le nucléaire. Force est de constater la suprématie du pétrole qui restera tout au long les décennies à venir la principale source d’énergie que ce soit au niveau des transports qu’au niveau de l’industrie pétrochimique.

Un article de  Gilles Flichy,

mm

La Rédaction du Courrier des Entreprises

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