Directeur général d’Ophis du Puy-de-Dôme depuis septembre 2019, Thierry Ouillon a les idées claires quant au rôle majeur que doit désormais jouer le bailleur social puydomois dans le département. C’est dans cette perspective qu’avec le Conseil d’administration et sa Présidente Valérie Bernard, ils ont dessiné les contours du projet d’entreprise 2020-2030 : un véritable retour aux sources, au cœur des territoires.
Thierry Ouillon, qui êtes-vous ?
De formation ingénieur urbaniste, j’ai consacré l’ensemble de ma carrière à l’immobilier social et privé. Originaire de la Haute-Loire, j’ai sillonné la France par mes différentes missions. Ces dernières années, j’ai particulièrement œuvré pour le logement social du sud de la France où j’ai assuré, entre autres, la direction générale de l’Office Public de l’Habitat du Grand Narbonne. En septembre 2019, j’ai rejoint le Puy-de-Dôme où j’ai pris la direction d’Ophis. J’ai saisi cette opportunité car OPHIS est un bel organisme qui intervient à la fois sur un territoire métropolitain et des territoires ruraux.
Les lignes bougent à Ophis depuis votre arrivée, dites-nous en plus.
En 2018, le gouvernement a instauré la Réduction du Loyer de Solidarité qui a simultanément diminué les loyers des logements sociaux et les aides personnelles au logement pour les locataires. Ceci s’est traduit par des pertes financières pour les bailleurs sociaux et une remise en cause de leur modèle économique.
Pour y faire face, nous devons être inventifs, nous adapter et réinterroger notre stratégie. C’est tout l’objet du projet d’entreprise PEP’S. Un mot et 4 lettres qui portent une stratégie au service de nos locataires : Proximité, Enthousiasme, Performance et Solidarité. Le conseil d’administration, le Directeur Général et les équipes portent collectivement cette ambition nouvelle.
PEP’S ? De quoi s’agit-il exactement ?
C’est notre nouveau projet d’entreprise conçu avec la participation de nos collaborateurs qui à travers des ateliers de travail se sont interrogés sur ce qui fonctionnait et ce qui fonctionnait moins bien dans nos pratiques. De ces échanges est née une stratégie claire à 10 ans qui remet le client au cœur de l’écosystème Ophis. En résumé, tout doit être fait pour offrir un habitat adapté à chaque situation, rendre un service de qualité, accompagner les collectivités dans leurs projets de développement tout en étant économiquement performants. Cette recherche de performance économique est motivée par le fait que nous devons maitriser nos dépenses au plus juste pour pouvoir construire de nouveaux logements, entretenir le parc existant et préparer l’habitat de demain par une forme de recherche -développement sociale et responsable.
Nous ne devons pas oublier que nous faisons un métier magnifique. Nous donnons un toit à une majorité d’habitants qui n’auraient pas les moyens de trouver une réponse à leurs attentes dans un cadre classique du logement privé. Nous sommes fiers de loger des personnes fragiles et beaucoup oublient trop souvent que le logement social innove et propose des logements de grande qualité à tous. Nous souffrons d’un déficit d’image car nous sommes souvent associés au sujet des quartiers en souffrance où, d’ailleurs, nous sommes bien souvent les seuls à être encore présents.
Être bailleur social en 2020, c’est relever chaque jour de gros défis pour permettre aux plus fragiles de se loger et c’est seulement dans une réflexion globale de l’habitat et de l’urbanisme que nous relèverons ce défi avec nos locataires et nos partenaires. Le logement et l’habitat au sens large sont des sujets centraux dans l’évolution de notre société et le mieux vivre ensemble n’existera qu’avec une réflexion et des actions fortes sur le sujet.
Concrètement, qu’est ce qui va changer pour vos clients/locataires ?
Le déploiement du projet a été un peu ralenti par la crise sanitaire. Pour autant, début 2021, nous allons commencer par ouvrir de nouveaux points d’accueils de proximité pour mieux accueillir nos clients et être plus réactifs vis-à-vis de leurs sollicitations.
Nous déployons dès à présent une politique d’écoute clients plus affirmée, de manière à prendre en compte leurs besoins dans nos projets de constructions et de services. Et nous mettons tout en œuvre pour déployer une politique d’entretien des logements et des résidences plus efficace.
Enfin, nous travaillons beaucoup sur la simplification de nos pratiques internes pour plus de performance. Dans un contexte de réduction budgétaire, il est de notre devoir d’optimiser au maximum chaque dépense.
Et pour vos partenaires ?
Je crois au pouvoir de la proximité et à la force des territoires. Ces dernières semaines, j’ai rencontré de nombreux maires, parfois nouvellement élus et leurs attentes vis-à-vis de nous sont très fortes. Ce projet PEP’S doit faire en sorte qu’Ophis Puy-de-Dôme soit un interlocuteur privilégié de tous les élus locaux, quel que soit leur projet d’habitat et le territoire qu’ils représentent.
Nous devons pouvoir les accompagner tout en leur expliquant que les projets ne peuvent émerger qu’en partenariat étroit avec eux. Les contraintes économiques que nous subissons sont aussi le lot des collectivités. Nous n’avons pas de formules miracles mais seul un travail en amont peut permettre de faire émerger des projets malheureusement toujours plus chers, notamment sur la requalification des centres anciens.
Notre offre d’habitat peut répondre à plus de 70 % de la population et il est illusoire de penser que nous pouvons bâtir cette offre pour le plus grand nombre sans associer collectivités, acteurs du logement public et du logement privé. C’est en nouant des pratiques de travail en équipe que l’on fait émerger les plus beaux projets pour nos locataires et les citoyens en général. Nous avons tous un rôle à jouer et une place à prendre.
Et pour vos collaborateurs ?
Cela représente beaucoup de travail et de changements pour les 320 collaborateurs d’Ophis et de notre filiale accession Clerdôme.
Je demande beaucoup à mes équipes mais elles se sont mobilisées et ont répondu présent dans les périodes difficiles que nous vivons actuellement, liées à cette période de crise sanitaire et je sais pouvoir compter sur elles pour relever ces nombreux défis.
Certains métiers vont devoir s’adapter plus que d’autres. Ces évolutions prendront du temps, c’est pour cela que PEP’S s’inscrit dans la durée.
En 2021, nous fêterons nos 70 ans. Gageons que notre projet PEP’S puisse faire de notre organisme un centenaire et plus !