Les Gaulois se rebiffent !

A l’heure où l’hashtag #BoycottUSA fleurit sur les réseaux sociaux, l’impact de la nouvelle administration Trump sur l’image des États-Unis et de ses entreprises est édifiant. La « marque US » est bien altérée aux yeux des irréductibles Français. L’enquête Ifop, commandée par NYC.fr, montre une dégradation historique de l’image des États-Unis auprès des Français et leur soutien large au mouvement de boycott des marques américaines. De leur côté certains Américains craignent les représailles et une forte augmentation des prix.

La guerre des droits de douane lancée par Donald Trump le 2 avril dernier a réanimé les tensions commerciales transatlantiques à un niveau sans précédent depuis la « guerre de la banane » de 1993. Face aux risques d’escalades de part et d’autre de l’Atlantique, les opinions publiques américaine et française perçoivent de façon différente cette politique commerciale agressive et ses conséquences.

L’effondrement sans précédent de l’image des Etats-Unis auprès des Français

Après à peine deux mois de présidence Trump, la cote de sympathie des États-Unis chez les Français tombe à 25%, soit une chute de 40 points par rapport à la dernière mesure prise en 2010 (65%) lors la 2ème année du mandat de Barack Obama. L’image des États-Unis auprès de l’opinion publique française tombe ainsi à son niveau le plus bas des 40 dernières années !

Cette dégradation de l’image de l’Amérique va de pair avec le sentiment croissant d’un fossé entre les valeurs françaises et américaines : seul un quart des Français (26%) estime aujourd’hui que les deux pays sont « proches » en termes de valeurs, contre près de la moitié il y a une vingtaine d’années (49% en 2004).

Un large soutien au boycott des marques américaines marquées politiquement

Les appels au boycott des produits US qui ont surgi après les menaces de hausse des droits de douane et la joute verbale entre les présidents américain et ukrainien dans le bureau ovale, sont largement soutenus : 62% des Français soutiennent ces appels au boycott des entreprises américaines. Et aujourd’hui, dans les faits, un Français sur trois (32%) boycotte au moins un produit américain. Ce boycott apparaît comme une forme de consommation engagée qui trouve son ressort dans l’adhésion à des valeurs progressistes : la proportion de boycotteurs étant particulièrement forte chez les Français se disant « très féministes » (51%) ou « très progressistes » sur les questions de société (55%).

Coca-cola (48%) est aujourd’hui la marque la plus boycottée devant des marques de fast-food ou de restauration rapide – MacDonald (44%), Starbucks (15%) KFC (12%) – emblématiques de la consommation de masse US. Les autres marques les plus boycottées – Tesla (19%) et X (10%) – sont liées au groupe Musk dont l’image est très écornée par son engagement auprès de Donald Trump.

Ce boycott est tiré par l’anti-trumpisme – 62% des boycotteurs expliquent leur geste par l’opposition à la politique de Trump – mais relève aussi d’autres motivations comme le patriotisme économique à droite ou la défense du progressisme sociétal à gauche. En effet, d’autres dimensions jouent comme le soutien à l’emploi français (62%), particulièrement chez les électeurs de droite (84% chez LR-DVD).

Enfin, ce mouvement semble appeler à durer si l’on en juge la proportion de Français qui ont l’intention de boycotter des produits ou services de marques américaines dans les mois à venir : 57% des Français, un quart en ayant fermement l’intention. Et dans les mois à venir, l’empire entrepreneurial d’Elon Musk apparaît le plus menacé : Tesla arrivant en tête du classement des marques les plus menacées de boycott (47%), suivie par Twitter/X en troisième position (40%).

Chute spectaculaire de la destination US

L’Amérique trumpiste n’a jamais fait aussi peu rêvée les Français. L’attractivité des États-Unis comme lieu d’étude ou de travail est deux fois plus faible qu’il y a quinze ans : moins d’un quart des Français souhaiteraient aujourd’hui aller aux États-Unis pour y étudier (22%, contre 48% en 2010) ou y travailler (20%, contre 37% en 2010), soit les niveaux les plus bas des vingt-cinq dernières années !

Le potentiel touristique des USA s’affaisse aussi légèrement (-4 points par rapport à 2022, à 51%) auprès de Français qui s’avèrent en revanche beaucoup plus enclins à visiter leurs voisins. Le Canada voit ainsi son potentiel touristique bondir de 10 points (72%, contre 62% en 2022), tout comme des destinations plus « chaudes » comme le Mexique (+4 points, à 46%) ou Cuba (+6 points, à 43%).

Que pensent les Américains sur les conséquences ?

Plus de la moitié des Américains (54%) estiment que les tarifs douaniers imposés par l’administration Trump auront un effet négatif sur l’économie américaine, soit une hausse de 2 points depuis mars 2025. Ce niveau d’inquiétude est encore plus élevé chez les Français, dont 71% pensent que ces mesures nuiront à l’économie française. Une forte majorité d’Américains (71%) se dit inquiète à l’idée que les pays touchés par les hausses de taxes imposent en retour des droits de douane similaires sur les produits américains. Cette inquiétude traverse les clivages politiques mais atteint des sommets chez les sympathisants démocrates (88%) et les électeurs de Kamala Harris (87%) au dernier scrutin présidentiel.

L’appréhension concernant d’éventuels mouvements de boycott des produits américains est également significative : 64% des Américains redoutent que les hausses de taxes suscitent des boycotts à l’étranger, particulièrement chez les démocrates (79%) et les catégories les plus éduquées de la population (73%).

La hausse des droits de douane suscite une désapprobation massive en France mais divise l’opinion américaine…

Le scepticisme face à ces mesures se manifeste aussi dans leur désapprobation de la décision de Donald Trump « d’augmenter les droits de douane sur les produits venant de l’étranger, a minima de 10% sur les marchandises importées aux États-Unis ». Si les Français la rejettent massivement (à 72%), l’opinion américaine la condamne plus mollement : 49% des Américains la désapprouvent, contre 45% qui l’approuvent.

Aux États-Unis, l’opposition à cette politique tarifaire suit une ligne de fracture partisane très nette : 76% des démocrates désapprouvent ces mesures, contre seulement 17% des républicains, reflétant la polarisation politique extrême de la société américaine. Elle est aussi forte chez les femmes américaines (54%, contre 43% chez les hommes), les jeunes de 18-24 ans (51%), et les foyers les plus modestes (54% ; moins de 25 000$/an), illustrant des inquiétudes liées au pouvoir d’achat.

Suspendues pour 90 jours depuis le 9 avril, les mesures protectionnistes touchant spécifiquement certains pays sont aussi contestées mais pas massivement : la moitié des Américains désapprouvent par exemple la hausse de 20% des droits de douane sur les produits européens (50%, contre 37% qui l’approuvent). Mais ils sont moins réprobateurs à l’égard de la hausse de 145% imposée aux produits chinois (49%, contre 40% qui l’approuvent).

 

Pour en savoir plus, c’est ICI

 

 « Étude Ifop pour NYC.eu réalisée par questionnaire auto-administré en ligne auprès d’un échantillon national représentatif de 1 225 Américains âgés de 18 ans et plus (8-10 avril 2025), et d’un échantillon national représentatif de 1 000 Français âgés de 18 ans et plus (9-10 avril 2025). »

 


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La Rédaction du Courrier des Entreprises


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