Le ministre délégué chargé des Petites et Moyennes Entreprises, Alain Griset, a annoncé vendredi 4 décembre le report des soldes de janvier 2021 en raison de la crise sanitaire liée à la pandémie de Covid 19. Initialement prévus du 6 janvier au 2 février, ils sont décalés du 20 janvier au 16 février.
Les soldes constituent un moment fort de la consommation. Ils permettent aux commerçants d’écouler rapidement leurs stocks et aux consommateurs de bénéficier de réductions de prix souvent intéressantes puisque la revente à perte est autorisée pendant ces opérations commerciales. Les soldes d’hiver et d’été durent six semaines et sont fixés officiellement par le Code du commerce. Il existe toutefois des dérogations pour certains départements.
Les soldes, c’est du masculin !
Eh oui, le mot solde est un mot masculin au même titre que le solde comptable. Sa version féminine « La solde » est le salaire du soldat, comme quoi… (exemple : être à la solde de…). Il est donc correct d’écrire « des soldes fous » plutôt que « des soldes folles » même si cela évoque pour certains la frénésie féminine à l’ouverture de cette période de rabais dans les magasins.
Les soldes, une histoire née à Paris, au XIXe siècle
Même si ce n’est pas une certitude à 100 %, on peut dire, sans se tromper de beaucoup, que les soldes ont été « inventés » par Simon Mannoury, dans la première partie du XIXe siècle. Ce Normand monte à Paris et ouvre, en 1830, une boutique d’étoffes et de confection sise au coin de la rue du Bac et de la rue de l’Université, à deux pas de l’église Saint-Thomas-d’Aquin. Mannoury appelle sa boutique « Au Petit Saint-Thomas ».
Le commerçant démarre sa carrière à une époque charnière : les corporations, les commerces spécialisés, se diluent, laissant place à ce que l’on appelle des « magasins de nouveautés ». L’idée ? On regroupe dans un même endroit une multitude de produits, essentiellement destinés aux femmes. C’est le début des « grands magasins ».
Simon Mannoury est un créatif, un homme bourré d’idées, parfois farfelues, comme celle d’acheter un âne pour promener les enfants dans son magasin. Mais surtout, dit l’histoire, il invente la libre circulation dans les rayons, les étiquettes qui affichent les prix et la vente par correspondance.
Les intuitions de Mannoury trouvent un écho immédiat dans le public. L’homme propose de plus en plus de produits. Tous ne se vendent pas. C’est là qu’il a « la » grande idée : liquider les stocks d’invendus de la saison précédente, à bas prix, pour faire place aux nouveautés. Les soldes sont nés.
Mannoury fait un carton avec ses déstockages. Très vite, d’autres magasins lui emboîtent le pas. Et, rien n’est hasard, un homme va populariser les soldes : Aristide Boucicaut. Qui est-ce ? Un jeune employé recruté par Mannoury pour s’occuper du rayon des châles au Petit Saint-Thomas… Quand Mannoury ferme son magasin, en 1948, Boucicaut retrouve du travail dans une mercerie, rue du Bac. Il la rachète, avec sa femme, en 1852. C’est le Bon Marché, qui inspirera Zola pour son roman Au bonheur des dames (1883).
Aristide Boucicaut
Les soldes (le mot, dans le langage populaire de l’époque, signifie « un reste d’étoffe, un coupon ») sont réglementés pour la première fois en 1906 (la vente « au déballage »). En 1962, la loi précise davantage les contours. Et en 1996, un décret instaure la durée des ventes et les obligations des vendeurs.
L’idée de Simon Mannoury était plutôt bonne…
Ce que sont les soldes aujourd’hui
Les soldes sont des ventes réglementées. Ils présentent les caractéristiques suivantes :
- ils sont accompagnés ou précédés de publicité ;
- ils concourent à l’écoulement accéléré de marchandises en stock dont des exemplaires ont été proposés à la vente et payés depuis au moins un mois à la date de début de la période de soldes considérée ;
- ils comportent une annonce de réduction de prix (qui peut aller jusqu’à une revente à perte) dans la limite du stock à écouler ;
- ils sont pratiqués pendant des périodes fixes de six semaines (soldes d’été et d’hiver). Hormis pour les ventes à distance, des dates différentes sont prévues dans certains départements pour tenir compte d’une forte saisonnalité des ventes ou d’opérations commerciales menées dans des régions frontalières.
En dehors des périodes légales de soldes, les commerçants peuvent organiser des opérations commerciales pour déstocker, en annonçant des réductions, sous réserve qu’ils n’utilisent pas le mot « soldes » et qu’ils respectent la législation sur l’interdiction de revente à perte.
A vos Marques… prêts ?… soldez !!