Les défis mondiaux liés à l’agro-alimentation engagent ses principaux acteurs à une position claire et responsable s’agissant des nouvelles techniques génomiques. Limagrain, coopérative et pure semencier, livre, pour la première fois, sa position grâce à une tribune signée par son président, Sébastien Vidal.
Depuis le 15 novembre de l’année dernière, la population mondiale a dépassé les 8 milliards d’humains. L’année 2023 a même vu l’Inde, en embuscade derrière des chiffres aléatoires, dépasser la Chine par sa démographie.
Pour passer de 500 millions (1550) à 1 milliard d’habitants sur Terre (1815), il aura fallu à l’humanité moins de 300 ans. Pour doubler encore sa population ensuite, seulement 112 ans ont été nécessaires. En 1927, il y avait en effet 2 milliards de personnes sur notre Planète. Et il n’aura fallu ensuite que 47 ans pour que le nombre d’habitants sur Terre soit encore doublé. En 1974, nous étions 4 milliards d’êtres humains. Une croissance « exponentielle ». Et de nouveau 48 ans pour que cela double… (à ma naissance nous n’étions que 3,328 milliards !)
Le quintuple défi de cette planète si prolifique est de gérer les déchets, limiter la pollution de l’air, de l’eau et de la terre, d’anticiper les besoins en énergies et de subvenir aux besoins en eau potable et en alimentation durable… surtout si 7 milliards de pauvres consomment autant que notre milliard de nantis…
Déjà en 1803, Thomas Maltus s’inquiétait de la capacité de la Terre à nourrir tous ses habitants… alors qu’ils n’étaient que moins d’un milliard.
Le danger, c’est l’ignorance
On a trop souvent globalisé les dangers des OGM, vilipendés par des fanatiques khmers verts, sans chercher à en comprendre les atouts. Selon Greenpeace « Aujourd’hui, la création d’OGM sert surtout, dans l’agriculture, à rendre une plante résistante à un herbicide ou à la modifier pour qu’elle produise elle-même un insecticide, ou les deux. Ainsi, cela permet d’utiliser des herbicides sans crainte de tuer ces plantes génétiquement modifiées, et d’éviter le recours à un insecticide pendant la croissance des plantes puisqu’elles le sécrètent elles-mêmes. »
Aujourd’hui, heureusement que nos cultures ont été génétiquement modifiées, pour être moins tributaires de maladies menaçant les récoltes, comme aux heures sombres des famines de 1788, ayant entrainé la Révolution française.
Les nouvelles techniques génomiques sont des innovations qui peuvent favoriser une agriculture plus durable, plus compétitive et plus résiliente.
Tribune de Sébastien Vidal :
« C’est le moment ou jamais pour la France de répondre présente au rendez-vous avec l’innovation en agriculture !
L’agriculture a connu plusieurs révolutions successives au cours de son histoire récente. Les deux premières qui ont eu lieu sous l’ère industrielle aux XVIII et XIXe siècles ont conduit à la mécanisation et à la motorisation des outils permettant ainsi de répondre aux défis alimentaires engendrés par la croissance démographique. Nous vivons actuellement la troisième révolution agricole. Celle qui doit permettre à travers l’agronomie, le numérique, la robotique et la génétique de relever les défis alimentaires et climatiques qui s’imposent à nous.
L’agriculture française et européenne a toujours su mettre en place de nouveaux outils destinés à répondre aux défis de son temps. Il en va ainsi de la génétique, pratiquée depuis des siècles, en sélectionnant et en croisant des plantes aux propriétés intéressantes pour obtenir les variétés de fruits, de légumes, de céréales ou d’oléagineux qui paraissent tant communes dans nos assiettes aujourd’hui.
La sélection végétale doit pouvoir avoir accès aux outils permettant de garantir à la fois la souveraineté alimentaire et la baisse de la dépendance aux intrants
La sélection végétale et la production agricole doivent garantir une production alimentaire durable et la préservation des sols par une baisse de la dépendance aux intrants pourtant essentiels tels que les engrais et les produits de protection des plantes.
Si les plantes issues de techniques d’édition du génome (NGT) ne résoudront pas à elles-seules ces enjeux, elles restent une solution dont l’Europe ne peut se passer pour rester compétitive. Car, si son ambition est notamment la réduction de l’usage des produits de protection des plantes, alors elle doit se doter des outils permettant d’atteindre cet objectif.
Bien loin des épouvantails que l’on tente de nous dresser, les plantes issues des NGT n’ont rien d’« OGM cachés » comme certains le prétendent : il n’y a aucune introduction d’ADN étranger ! Cette technique permet l’élaboration rapide de nouvelles variétés végétales aux propriétés recherchées, comme la résistance aux maladies, l’adaptation à la sécheresse, ou encore la qualité nutritive.
La France doit se donner les moyens de ses ambitions en termes de recherche et d’innovation
La France est appelée à se positionner très prochainement en faveur ou non de l’initiative législative européenne sur les nouvelles techniques génomiques. Alors qu’un « Conseil présidentiel de la science » vient tout juste d’être annoncé, la France se doit d’être au rendez-vous de ses ambitions pour faire de la recherche et des sciences une priorité du pays. L’accès aux nouvelles techniques d’édition du génome dans la sélection végétale adresse cette ambition pour garantir la souveraineté alimentaire.
Outils indispensables pour soutenir la transition vers une économie résiliente et un système alimentaire durable, les NGT doivent bénéficier d’une réglementation adaptée qui ne crée pas d’obstacle à leur mise en œuvre mais au contraire les encourage à se développer pour assurer le leadership de la France et de l’Europe en matière d’innovation dans la sélection végétale et préserver la sécurité des semences de haute qualité.
L’innovation donne rendez-vous à la France. Elle ne doit pas le manquer ! »