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Marché français des véhicules électriques en 2023 … statistiques et prédictions

L’effervescence sur le marché des véhicules électriques est palpable. Il suffit de se rendre dans l’un des nombreux salons automobiles pour mesurer le changement radical de paradigme de la mobilité. Où en est le marché français autour duquel fourmillent incitations financières, règlementations, multiplication des ZFE et calendrier d’une mort annoncée pour les moteurs thermiques ? Faisons ensemble un petit arrêt sur image de la situation actuelle et sur les ambitions déclarées.

Un marché qui évolue rapidement après un démarrage timide

En cinq ans nous sommes passés d’un démarrage timide lié au manque de solutions de recharge et aux craintes du grand public à un engouement progressif. Ainsi entre 2015 et 2020 le nombre de véhicules vendus en France est passé de 22 857 exemplaires à 185 499, soit 8.11 fois plus. En 2022 le marché a progressé de 247% pour atteindre les 459 212 véhicules… 20 fois plus qu’en 2015 ! Ce n’est plus une courbe, c’est l’ascension de l’Everest !

Les véhicules électriques et hybrides représentent 40 % des intentions d’achat d’ici fin 2023… nous allons bientôt pouvoir relever les compteurs… électriques.

L’accélération des ventes de VE est largement impulsée grâce au soutien d’initiatives gouvernementales, comme l’association Avere France. La filière automobile s’était fixée pour but de multiplier par 5 les ventes de véhicules électriques et de développer le réseau d’infrastructures de bornes de recharges d’ici fin 2023. Au total, il s’agissait de mettre en circulation 1 million de véhicules électriques et hybrides rechargeables et d’installer 100 000 points de recharge accessibles au public. Ce cap a été franchi en mai 2023.

Le déploiement des points de charge se fait encore actuellement plus rapidement que le renouvellement du parc vers l’électrique, ce qui permettra d’accueillir les nouveaux électro-automobilistes dans de bonnes conditions au moment où la fin de la vente des véhicules thermiques sera effective en 2035.

Un cadre réglementaire qui louvoie

Initialement programmée pour 2035, la fin des moteurs thermiques en Europe a été remise en question à la dernière minute le 10 mars dernier. À la surprise générale, l’Allemagne et trois autres Etats membres s’étaient opposés à la validation du texte de loi : Ils souhaitaient pouvoir utiliser des carburants de synthèse pour alimenter les moteurs thermiques.  Après un bras de fer de plus d’un mois, un accord avait enfin été trouvé entre les Etats favorables au texte et ses opposants.

Cette brèche ouverte par l’Allemagne relance des voix discordantes qui estiment que l’électrification de masse n’est pas une solution miracle, que la question dichotomique se pose pour les gouvernements libéraux qui veulent séduire l’électorat vert : Des véhicules électriques oui, mais avec quelle électricité ? Certains utopistes imaginent que les pales des éoliennes devraient tourner beaucoup plus rapidement … le Green Deal européen a les oreilles qui sifflent.

La bonne élève est la Norvège, qui s’est donné comme ambition de rouler en véhicules 100% zéro émissions en 2025, dix ans avant le reste de l’Union Européenne.

La France, entre la carotte et le bâton

Notre pays multiplie les Zones à Faibles Émissions (non, quand on parle de faible émission, on n’évoque pas « Touche pas à mon poste »). Les zones à faibles émissions sont des zones définies (villes et métropoles) où la pollution de l’air est plus importante. La circulation de certains véhicules très polluants peut y être interdite, de façon temporaire ou permanente afin de réduire la pollution aux particules fines. Les ZFEs imposent des certifications sous forme de vignettes appelées Crit’Air, pour contrôler la circulation dans le Grand Paris, à Grenoble, Lyon, Rouen et prochainement Reims et Toulouse. On comptait presque 23 000 000 de vignettes Crit’Air délivrées en France fin août 2022 (ce qui représente la moitié des véhicules en circulation).

À titre d’exemple, la ville de Paris (et sa banlieue proche) ambitionne de n’accueillir que des véhicules zéro émissions à compter de 2030 et a déjà banni les véhicules thermiques les plus anciens (et les plus polluants). Lorsque toutes les agglomérations de plus de 150 000 habitants seront concernées, ce sera la régulation de près de 40% du parc automobile qui sera en jeu, soit 40 millions de véhicules.

Pour rappel Clermont-Ferrand est en ZFE depuis le 1er juillet 2023 (lire l’article )

Un gros bâton va s’abattre sur le dos des amoureux de bolides et SUV jugés comme polluants : Les véhicules les plus émetteurs de CO2 vont connaître une hausse vertigineuse du malus écologique en 2024. Les SUV et les sportives vont notamment voir leur taxe à l’immatriculation être bien plus élevée que leur valeur d’achat ! Par exemple une Ford Mustang qui émet 256 grammes de CO2 au kilomètre, dont le prix est de 58400 €, aura un malus écologique de 60 000 euros !! ça va piquer non ?

De l’autre côté, des incitations financières positives : Une prime à la conversion soient jusqu’à 3 000 € pour l’achat d’un véhicule thermique neuf ou d’occasion et jusqu’à 5 000 € pour l’achat d’un VER, dont l’autonomie en mode électrique est supérieure à 50 km neuf ou d’occasion. Jusqu’à 7 000 € pour les ménages aux revenus fiscaux ne dépassant pas 14 089 €.

Attention : Bruno Lemaire a annoncé qu’à partir du 1er janvier 2024 : « Nous allons arrêter de subventionner les véhicules électriques qui ont une mauvaise empreinte carbone » … en gros il faut comprendre « les voitures électriques venant de Chine ». Je remarque que le lobby des constructeurs hexagonaux a bien fait son travail auprès du ministre. Il faut reconnaitre que l’écart entre le prix moyen des véhicules électriques chinois et européens continuait de se creuser depuis le premier semestre 2023. Alors ? une initiative écologique ou économique ? à vous de juger.

On complète le panier de carottes avec l’exonération, pour les VER, sur la taxe sur les véhicules de société, des bonus écologiques CO2 de 1000 à 5000€ pour les particuliers et de 1000 à 3000 € pour les entreprises et un prêt à taux zéro pour les particuliers et les entreprises situés dans une ZFE désireux d’acheter à crédit un véhicule ne rejetant pas plus de 50g de CO2 par km.

Se véhiculer autrement qu’en voiture…

Ça y est ils nous ont trouvé un nouvel acronyme qui regroupe tous les moyens de micro-mobilité : les EDP, comprenez les Engins de Déplacement Personnel (je n’en peux plus de ces inventeurs de formules !) . Ce terme englobe les déplacements et moyens de transport individuels tels que les vélos, trottinettes, skateboards, hoverboards, gyroroues, monocycles… « Nom de Zeus, Marty !! »

Les solutions de micro-mobilité électriques connaissent une forte croissance depuis 2016 (1 780 000 en 2021). Avec 908 000 ventes et 51 % du nombre total des ventes d’EDP en 2021, la trottinette électrique est le plus répandu en France.

L’électrique concerne aussi le transport de marchandise (plus de 500 camions électriques immatriculés par an) et les transports en commun, parfois à l’hydrogène vert.

Connaissez-vous le recharge intelligente ?

La recharge intelligente de VE (que vous connaissez peut-être sous l’appellation anglo-saxonne de Smart EV charging) ne révolutionne pas simplement le confort de recharge pour les automobilistes, elle révolutionne aussi nos réseaux électriques.

En effet, la recharge intelligente permet de décider de la quantité d’énergie dédiée à la recharge de VE, en temps réel. Elle ouvre également la voie à des technologies comme le V2G (pour vehicle to grid), qui permet d’utiliser l’énergie stockée dans les batteries des voitures électriques branchées sur un réseau.

Il est prévu que le marché du V2G atteigne une valeur de plus de 5 milliards de dollars d’ici à 2024.

La recharge très rapide : la nouvelle norme

Le temps de recharge est un élément crucial pour les automobilistes : C’est un élément de confort pour les électro-automobilistes actuels et un argument de vente pour les potentiels acheteurs de véhicules électriques.

Les constructeurs automobiles et les fabricants de bornes continuent d’optimiser les temps de recharge et sont maintenant en mesure de proposer des sessions de recharge complètes en 30 minutes.

De plus en plus, l’idée est d’optimiser ses trajets avec une solution « je me charge là où je me gare », ce que l’on appelle la recharge à destination (c’est à dire pendant que je vais au cinéma, je fais les courses, etc.).

Même si la France accuse un léger retard sur ses voisins, l’Ademe prévoit de soutenir le développement des bornes publiques de recharge rapides, d’une puissance unitaire maximale d’au moins 50kW

Ambition entre 11 et 14 véhicules électriques par borne en Europe d’ici à 2030

Les estimations actuelles (entre prévisions de ventes de VE et installations de bornes de recharge) indiquent que nous devrions observer entre 11 à 14 véhicules électriques par bornes de recharge publique d’ici à 2030. Lancé en 2016, le programme Advenir aide particuliers et professionnels à financer l’installation de bornes de recharge de véhicule électrique.

Elles montrent qu’entre 145 et 230 millions de VE seront en circulation en 2030 dans le monde…Ce qui fait une bonne taille de fourchette quand même.

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Pierre-Edouard Laigo

Rédacteur en Chef
pierre-edouard.laigo@lecourrierdesentreprises.fr
port. 06 59 056 026

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