D’où viennent les produits que nous consommons ? A l’heure des accords délétères qui font entrer en Europe des produits alimentaires qui ne respectent pas nos règlementations sanitaires, et des scandales répétitifs sur les succédanés et ersatz en tout genres comme ceux du miel et de la viande dans les lasagnes, il est urgent d’être des consommateurs informés. Depuis ce printemps, le ministère de la consommation planchait pour améliorer l’information sur l’origine des produits alimentaires transformés. La démarche « Origin’Info » a été entérinée, avec déjà 82 marques adhérentes… on vous dit tout.
Une démarche motivée par un fort besoin de la part des consommateurs
L’origine des produits, au même titre que le prix, est un critère majeur pour les consommateurs dans leur décision d’achat : plus de 8 Français sur 10 trouvent important de disposer de cette information, selon une étude menée en 2023 par Appinio qui porte sur le rapport des Français à l’affichage de l’origine des produits alimentaires.
Cette forte demande de la part des consommateurs rejoint un avis émis par le Conseil National de la Consommation (CNC) en septembre 2021, qui recommande de renforcer les dispositifs volontaires d’indication de l’origine des produits alimentaires, afin qu’elle soit plus claire et plus compréhensible pour les consommateurs, sans les induire en erreur.
Actuellement, ce sont principalement les produits alimentaires non transformés qui font l’objet d’une information obligatoire sur l’origine géographique (viandes, poissons, fruits et légumes, miel, etc.). L’idée est ainsi d’étendre l’information sur l’origine et de la rendre plus transparente pour les produits transformés.
Cette démarche permettra également de lutter contre certaines pratiques trompeuses, préjudiciables aux agriculteurs, comme l’usage parfois abusif du drapeau français (alors qu’aucun ingrédient du produit ne vient de France). L’information désormais apportée par Origin’Info est neutre et factuelle, et vient compléter l’utilisation des sigles et logos d’origine reconnus.
Un marquage sur plus de 10 000 références
Afin d’améliorer l’information sur l’origine des produits alimentaires, un nouveau logo Origin’info sera apposé sur les produits de 82 marques dès cet été. Ce logo concerne les denrées alimentaires non soumises à une obligation de l’indication de l’origine et est à l’initiative des marques.
L’information donnée aux consommateurs prendra de nombreuses formes, au choix de la marque : directement sur les emballages des produits, sur les étiquettes électroniques en rayon, sur les sites de drive des enseignes ou via un QR Code. Le déploiement de l’affichage Origin’Info sera progressif à partir de cet été : il pourra concerner, d’ici la fin de l’année, plus de 10 000 références.
Par exemple l’indication d’origine est obligatoire pour tous les fruits et légumes. La provenance des fruits et légumes vendus au détail doit être affichée en caractères d’une taille égale à celle du prix.
S’agissant de la viande, pour la bovine, qu’elle soit ou non préemballée, plusieurs informations doivent obligatoirement être indiqués dans les commerces. Il s’agit du lieu de naissance, ainsi que celui d’élevage et d’abattage. La mention de l’origine signifie que les lieux de naissance, d’élevage et d’abattage sont situés dans le même pays.
D’autres informations liées à la traçabilité et l’étiquetage de la viande bovine sont obligatoires : un numéro assurant le lien entre le produit et l’animal ou le groupe d’animaux dont il est issu, le pays d’abattage et le numéro d’agrément de l’abattoir, et le pays de découpage et le numéro d’agrément de l’atelier de découpe.
Pour les autres viandes (porcines, ovines, caprines et volailles) l’indication de l’origine est obligatoire pour les viandes préemballées des espèces porcine, ovine, caprine, ainsi que pour la volaille. Plus précisément, les lieux d’élevage et d’abattage doivent être obligatoirement mentionnés. Le lieu de naissance est en revanche, malheureusement facultatif.
Pour rappel, depuis 2022, l’importation massive de poulets « ukrainiens » (et d’œufs) met à mal la filière française. L’objectif était louable : soutenir l’économie de l’Ukraine en temps de guerre. Mais, en fait, Yuriy Kosiuk, le roi du poulet ukrainien qui représente 80% des importations, est localisé à Chypre. La mesure ne profite pas aux agriculteurs ukrainiens mais à un millionnaire oligarque côté à la bourse de Londres (lire l’article)
Le cas particulier des restaurants
Depuis 2002, les établissements de restauration hors domicile ont l’obligation d’informer leurs clients de l’origine de la viande bovine. Cette obligation a été étendue, à titre expérimental jusqu’au 29 février 2024, aux viandes porcines, ovines et de volailles. Depuis le 1er octobre 2023, ces obligations ont été étendues aux établissements ne proposant que des repas à emporter ou à livrer. Ainsi, à l’instar des établissements de restauration traditionnels, ces établissements doivent désormais informer leurs clients sur l’origine des viandes servies…Mais sans un contrôle accru cette obligation risque de ne pas être respectée.
Pour la viande bovine, les établissements de restauration doivent indiquer les lieux de naissance, d’élevage et d’abattage.
Depuis le 7 mars 2024, les viandes des animaux des espèces bovine, porcine, ovine et de volailles les viandes achetées déjà préparées ou cuisinées ou utilisées en tant qu’ingrédients dans les préparations de viandes et de produits à base de viande font également l’objet d’une réglementation de l’indication de l’origine si elles sont proposées à la consommation par des professionnels de la restauration.
Les logos indiquant l’origine pour les viandes
Au-delà de cette obligation, les professionnels des filières viandes et œufs françaises ont créé 12 logos soutenus par le ministère de l’Agriculture et de la Souveraineté alimentaire.
Ces logos permettent de garantir que les animaux sont nés en France et y ont été élevés, abattus, découpés et transformés.
Le logo est reconnaissable par sa forme hexagonale où on peut lire à l’intérieur « le porc français », « Volaille française », « Lapin de France », « Viande de veau française », « Viande chevaline française », « Viande bovine française », « Viande ovine française », « Viande d’agneau française », « Viande de chèvre française », et « Viande de chevreau française ». Sont aussi concernés le foie gras et les œufs, via les mentions « œufs de France » et « Foie gras de France ».
Poissons et produits issus de la mer et de l’aquaculture
Pour les poissons et produits non transformés issus de la mer et de l’aquaculture, la zone de pêche ou du pays d’élevage doit être indiquée.
Pour les poissons d’aquaculture, le pays d’élevage correspond au pays dans lequel « le produit a atteint plus de la moitié de son poids final ou est resté plus de la moitié de la période d’élevage».
Pour les produits pêchés en eaux douces, la mention des eaux d’origine dans le pays de provenance doit être indiquée. Les « eaux » peuvent être entendues comme le nom d’un fleuve, d’un lac, d’un étang ou d’une zone de lacs ou d’étangs.
Le cas spécial du miel
L’indication de l’origine du pays dans lequel le miel a été récolté est obligatoire. Concernant les miels en mélange, l’étiquette du miel doit indiquer le ou les pays d’origine en cas de mélange de miels conditionnés sur le territoire national. En revanche, pour les miels en mélanges conditionnés hors de France, il est pour le moment possible de remplacer la mention des pays d’origine par les mentions « Mélange de miels originaires de l’UE », « Mélange de miels non originaires de l’UE » ou « Mélange de miels originaires et non originaires de l’UE.
Pour lutter contre la fraude sur l’origine du miel au niveau européen, un accord sur l’étiquetage de l’origine des miels dans l’UE a été conclu et doit être adopté par le Parlement européen et le Conseil… à suivre
Bon appétit bien sûr